bien nourrir son cheval

Tous les aliments ne sont pas comparables, remplacer du foin par des granulés ou des céréales, raisonner en litres sont des contrevérités.

Si la quantité d’aliments qu’un cheval doit ingérer par jour dépend de sa race, de sa taille, de son poids, de son activité, de sa physiologie, de sa croissance etc, elle varie également en fonction du type et de la qualité d’aliments que vous lui proposez.

 

 

Alimentation du cheval, définitions

Si un cheval passe son temps au pré ou si il est nourri entièrement aux fourrages, la consommation sera plus importante en volume que si vous lui donnez des concentrés.

Il faut donc raisonner en matière sèche ingérée : (MS = matière première – eau),

La matière sèche

C’est la matière résiduelle d’un aliment dont on a extrait toute l’eau. Ainsi, une carotte contient 97,5 % d’eau, soit 125 g de matières sèche au kg. A l’inverse, le foin ne contient que 10 à 13 % d’eau, soit 870 g de matière sèche au kg. La quantité de matière sèche d’un aliment ne détermine pas sa valeur nutritive.

Le fourrage

C'est un aliment riche en cellulose, mais peu en énergie. Le cheval est un herbivore, et sa ration doit donc toujours se composer de fourrages. Parmi les fourrages, on classe l’herbe, le foin et l’enrubanné et la paille, mais cette dernière sert plus de lest et ne suffit pas à nourrir un cheval au repos.

Intégré à un mélange de concentrés, un fourrage est normalement consommé lentement par le cheval, car il doit le mastiquer avant de l’avaler. Cette action occupe le cheval, et facilite la production de salive ce qui a pour effet de faciliter la digestion et limiter l’acidité gastrique grâce à ses composés antiacide comme le bicarbonate.

Les concentrés

Ce sont des aliments énergétiques, souvent accompagnés de compléments (CMV et minéraux). Compte tenu de leur constitution petite, le cheval a tendance à croquer et non à mastiquer les concentrés ce qui en résulte une consommation beaucoup plus rapide que le fourrage. Mal utilisés, ils peuvent s’avérer néfastes. Il est impératif de respecter la posologie et de donner du lest pour que le cheval ait tout de même un certain volume dans le ventre.

En ce qui concerne les céréales, aucune ne contient tous les nutriments indispensables pour subvenir aux besoins d’entretien du cheval. Elles doivent être associées avec des compléments.

Le grain étant enveloppé par une écorce de cellulose, les sucs gastriques de la digestion ne peuvent atteindre sa partie nutritive. Le cheval n’a pas le temps de broyer correctement les grains sauf si par habitude sa ration quotidienne est divisée en de nombreux petits repas et qu’il a une table dentaire régulière. Le grain traverse donc tel quel tout le tube digestif et en ressort intact. Pour ces raisons, il est toujours plus sûr de servir des grains aplatis ou concassés si l’on souhaite que la valeur nutritive des céréales soit exploitée au mieux.

Les concentrés et les grains, quels qu’ils soient, doivent représenter une part négligeable de la ration d’un cheval. Ils peuvent même être totalement absents de la ration chez un cheval adulte au repos ou qui ne fournit aucun travail. Dans ce cas, de l’eau propre, une pierre de sel et un soutien de la flore intestinale suffisent à compléter l’herbe du pré ou un fourrage.

De plus il ne faut pas négliger les problèmes de mycotoxines présentent dans les céréales.

 

bien nourrir son cheval

Litres ou kilos ?

Vous allez répondre quoi à votre propriétaire s’il vous pose la question suivante : L’orge que vous donnez à mon cheval est à quel poids au litre ?

 

La remarque n’est pas innocente, car déjà en gardant le même litrage, vous passez de la santé florissante à une crise d’azoturie.

Comme la pratique courante en France est d’apporter les grains en les mesurant au litre, nous aimerions que les propriétaires de chevaux se penchent sur les données statistiques suivantes :

 

APPORT ENERGETIQUE DES TYPES DE GRAINS COURANTS

 

Grains

 

Energie disponible en litre

en MEGACALORIES

 

 

Energie par kilo de Matière sèche en MEGACALORIES

 

MAIS

 

2.3

 

3.87

 

BLE

 

2.3

 

3.83

 

ORGE

 

2.19

 

3.66

 

AVOINE

 

1.33

 

3.34

 

On constate que si l’on se réfère au kilo, le maïs est le plus riche en énergie et l’avoine la plus pauvre. Il y a par rapport à l’avoine un delta de +16% en faveur du maïs et du blé et de +9% en faveur de l’orge. Maïs et blé ont un delta supérieur de +7.5% par rapport à l’orge.

Si l’on se réfère au volume, soit au LITRE, qui est la mesure courante dans les écuries, le classement reste le même, mais les fluctuations sont énormes !

Le maïs apporte presque le double d’énergie par rapport à l’avoine, +72% .L’orge +65% d’énergie de plus que l’avoine.

Observons un deuxième élément, celui qui concerne les fluctuations de densité au sein d’un même type de grain.

 

 

 

 

 

DENSITE MOYENNE (en livres) par BOISSEAU. Données Américaines d’Equine Research.

 

CATEGORIE

 

MAÏS

 

BLE

 

ORGE

 

AVOINE

 

 

Grade 1

 

56

 

47

 

55

 

36

 

Grade 2

 

54

 

45

 

53

 

33

 

Grade 3

 

52

 

43

 

51

 

30

 

Grade 4

 

49

 

40

 

48

 

27

 

Marge de Fluctuation Grade 1 à 4

 

7 = 14%

 

7 = 16%

 

7 = 15%

 

9 = 33%

 

Densité moyenne en grammes/litre

 

610

 

610

 

600

 

440

 

Première déduction évidente : ON NE DOIT PAS NOURRIR EN VOLUME MAIS EN POIDS.

S’agissant de l’avoine, qui est en définitive le grain le plus utilisé en France. On peut déterminer, seulement en considérant la qualité d’un litre de grain à l’autre passer de 1.33 mcal à 1 mcal soit 33% de différence et par conséquent d’erreur possible.

Pire quand on passe d’un grain à l’autre toujours sur la même base on passe de 1.33 mcal pour l’avoine à 2.19 mcal pour l’orge, 70% d’écart et d’erreur possible. Scénario du pire quand on passe d’une avoine de 4ème catégorie à une orge de 1ère catégorie.

L’estimation de la catégorie ne se fait malheureusement pas à l’œil mais au poids.

On est en tous cas bien au-delà de la fourchette de 20% autorisée dans l’apport énergétique. D’où la légende l’orge fait grossir, évidemment si par routine on donne le même volume.

 

Bien nourrir son cheval, les règles de base

Il faut fractionner au maximum la ration quotidienne
La digestion de la partie amidonnée (énergétique) des grains se produisant dans l’estomac, la petitesse du repas allongera la durée de son séjour gastrique, favorisant ainsi sa digestion. Un trop grand picotin sera gaspillé : les 2/3 des grains qu’il contient seront expédiés vers l’intestin avant d’être digérés par l’estomac. Ils seront perdus, pour le cheval comme pour le porte-monnaie.

Il faut donner d’abord le fourrage, puis les concentrés
Les concentrés étant digérés dans l’estomac (et dans l’intestin grêle), et les fourrages étant principalement digérés dans l’intestin, il est normal de donner d’abord le fourrage puisque ce dernier n’a aucun intérêt à séjourner longtemps dans l’estomac, contrairement aux concentrés, qui ne demandent que cela.

Il y a pourtant une alternative ?

Le cube de fourrage (Wafer Fibres) est une pratique qui tarde à entrer dans les mœurs du monde équestre en France en raison et surtout de la croyance que le cheval à besoin de fibres longues pour sa digestion, ce qui est totalement erroné. Les cubes amènent beaucoup d’avantages comme l’élimination des particules et la formation de poussières mais aussi l’augmentation de la conversion alimentaire et surtout, évidement la facilité de transport, dosage et manutention.

Nous sommes pourtant persuadés que la pression économique sur le monde du cheval d’élevage et de compétition mènera inéluctablement au recours aux cubes puisqu’ils peuvent être intégrés à la distribution automatique assurant six à huit repas par jour.

Nous croyons aux vertus supérieures de cette présentation du fourrage, ne serait-ce que par le respect de la durée de mastication, de leur vertus alimentaires puisqu’ils permettent de varier les sources de protéines végétales (différentes saveurs et mélanges).

Autre importance non moindre : le cheval a un petit estomac

L'estomac du cheval a un volume de 15 à 18 litres (4 à 10% du tube digestif). C'est un petit volume pour un animal de la taille du cheval. De plus, il ne se remplit qu'aux deux-tiers (10-12 litres). C'est pourquoi il est recommandé de fractionner la ration du cheval en au moins trois repas. À l'état naturel, le cheval passe la plupart de son temps à brouter, remplissant peu mais fréquemment son estomac. Rappel : Ils ne sont pas brassés ce qui veut dire que les aliments du cheval doivent être donné dans un certain ordre car ce qui rentre ressort exactement dans le même ordre. En une heure, les deux tiers d'un repas sont digérés. Le dernier tiers séjourne dans l'estomac entre 5 à 6 heures.

Quand vous donnez pour un cheval à l’entretien 1kg de Wafer/100kg de poids ou pour un cheval de sport 1,5kg/ 100kg de poids en volume litre cela correspond à ± 14 litres pour l’un et ± 18l pour l’autre.

Il ne faut pas oublier que les glandes salivaires sécrètent la salive. La salive sert à la formation du bol alimentaire, à la déglutition et à la transformation chimique des aliments grâce à l’amylase, une enzyme digestive. Les granulés nécessitent quatre fois leur poids en salive, l'avoine une fois son poids, les fourrages verts une demi fois. Les glandes salivaires peuvent sécréter plus de 35 kg de salive mais les besoins du cheval sont couverts à la fois par l’eau de boisson et l’eau contenue dans les aliments. La consommation d’eau dépend de la teneur en matière sèche de la ration et peut varier de 20 à 60 l/cheval/jour. Elle augmente avec l’activité physique, selon l’état physiologique (jument en lactation) ou encore avec la température ambiante.